9. Nos ancêtres les Aryens – L’archéologie nazie et la France

Laurent OLIVIER |

Laurent Olivier, conservateur en chef du Patrimoine au Musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye (MAN) L’archéologie a été la discipline des sciences humaines la plus directement mobilisée pour tenter de légitimer l’entreprise d’épuration raciale et de germanisation forcée menée par le IIIème Reich à l’échelle de l’Europe. De tous les corps professionnels, les archéologues sont en effet ceux qui ont été – et de loin – les plus engagés politiquement et idéologiquement dans le nazisme. A l’est et à l’ouest de l’Allemagne, la conquête de l’Europe a rapidement mis la recherche archéologique allemande au service d’une entreprise de justification de la politique raciale et des intérêts géostratégiques de la « Grande Allemagne  ». La recherche française n’a pas eu qu’un rôle passif dans ce plan de germanisation du passé archéologique de l’Europe. Et après guerre, les chercheurs qui s’étaient mis au service du IIIe Reich poursuivront brillamment leur carrière à l’université, dans les musées ou les services du Patrimoine. Ils contribueront ainsi à transmettre l’héritage méthodologique et la démarche analytique de l’archéologie nationale socialiste à des générations d’étudiants et de chercheurs, notamment en France.

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Laurent OLIVIER

Laurent OLIVIER est conservateur en chef du Patrimoine, en charge des collections celtiques et gauloises au Musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. Il est titulaire d’une thèse de doctorat en anthropologie, ethnologie et préhistoire de l’université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), d’un Ph.D d’archéologie de l’université de Cambridge (Grande-Bretagne) ainsi que d’une thèse d’habilitation à diriger des recherches (HDR) de l’université de Paris I. Spécialiste d’archéologie celtique et gauloise, il coordonne actuellement l’étude d’un vaste site de production « proto-industrielle  » du sel en Lorraine et son impact à long terme sur l’environnement naturel et humain. Un part importante de ses recherches est consacrée à l’histoire de la discipline archéologique et à son rôle dans la constitution des identités nationales. Il a publié notamment Le sombre abîme du Temps, mémoire et archéologie, paru en 2008 aux éditions du Seuil, dont la traduction anglaise a parue aux Etats-Unis en 2011 aux éditions Altamira. Il a publié en 2012 Nos ancêtres les Germains. Les archéologues allemands et français au service du nazisme, paru aux éditions Tallandier. Il prépare actuellement un ouvrage sur les Gaulois dans la mémoire et l’imaginaire collectifs.
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