nom La “route des chars” chère à Henri Lhote est née d’une expression de Raymond Mauny qui, prise à la lettre, fut détournée de son sens premier de “axe de pénétration''. Ce contresens a permis d’imaginer une piste transsaharienne parcourant véritablement le désert, des Sirtes à la boucle du Niger. Cette vision romantique est maintenant abandonnée, car il faut faire la part de la grande hétérogénéité des styles et des techniques représentés sur leurs figurations de chars : peints ou gravés, attelés ou dételés, à timons simples ou multiples, à joug ou à barre de traction, tirés par des bœufs ou par des chevaux au galop volant ou non, etc. : tout témoigne de développements successifs, et d’une grande souplesse dans les adaptations locales d’un modèle commun. On ne peut donc regrouper tous ces véhicules dans un même ensemble technologique, surtout sans différencier les biges, triges et quadriges, pour leur chercher une origine commune par exemple du côté de l’Égypte, laquelle ne connaissait, avant l’époque hellénistique, que des biges à un timon. D’après Hérodote, les Garamantes ­ identifiés à une partie des Caballin ­ conduisaient des quadriges, que les Grecs auraient empruntés aux Libyens. Or ce type de véhicule, de même que les triges, ne se répand autour de la Méditerranée qu’à partir du VIIIe siècle av. J.-C. Cela suggère pour le Sahara une date probablement plus récente, confirmée par la découverte d’un quadrige aux chevaux cabrés peint à Ikadnouchère (Tassili-n-Ajjer) dans le style d’Iheren-Tahillâhi, et dont les parallèles les plus convaincants se trouvent sur des types grecs du Ve-IVe siècle. Plus que du côté de l’Égypte, c’est vers les Grecs établis en Cyrénaïque à partir de 631 av. J.-C. qu’il est possible de se tourner pour chercher un “modèle” aux chars sahariens. Malgré les remarquables reconstitutions expérimentales de Jean Spruytte, qui a montré que des chars entièrement en bois et cuir pouvaient être opérationnels, une date aussi basse fait douter que les populations à charrerie du Sahara aient pu encore ignorer le métal. Et lorsque, par exemple au Djerât, les conducteurs de chars brandissent des lances à grandes armatures bien représentées, ces dernières sont probablement métalliques. Corrélats : Adrar des Ifoghas / Ahaggar / Aïré Soroba / Boucharde / Bovidien / Cheval (période du —) / Datation par résonance du spin électronique (RPE) / Djerât / Galop volant / Garamantes / Guerrier libyen / Hard water effect / Iwelen / Peinture / Percussion directe / Source / Style d'Iheren-Tahillâhi / Surface endopérigraphique / Tagueït / Ti-n-Hanakaten / Tichitt / Wa-n-Muhjâj / Yagour /