8 La protection des espèces animales et végétales et les activités des musées

Michel Van Praët |

Michel VAN-PRAET, Professeur au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris La protection des espèces animales et végétales, prise en compte dès le XIXème siècle avec la création des parcs naturels, a connu un développement particulier avec la signature d’une convention internationale réglementant le commerce des espèces sauvages. Cette « Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora » signée en 1973 à Washington (d’où ses appellations courantes « CITES » ou « Convention de Washington »), concerne tous les musées et est à ce jour ratifiée par 175 Etats. Pour protéger les espèces sauvages susceptibles d’être mises en péril par des prélèvements excessifs dans la nature, la CITES réglemente, et pour partie interdit, le commerce de plus de 5.000 espèces animales et 28.000 espèces végétales vivantes, mais également de leurs dépouilles ou de parties de celles-ci (ivoire des défenses d’éléphants, bois de végétaux ou plumes d’oiseaux protégés…). Ainsi, non seulement les musées d’histoire naturelle, mais plus largement tous les musées collectant ou conservant des œuvres constituées de matières naturelles, comme les musées d’ethnographie, d’art décoratif ou contemporain, doivent prendre en compte la CITES lors de leurs acquisitions, des restaurations, mais aussi des prêts qui peuvent sinon se trouver saisis en douane si la traçabilité des composants utilisés ne permet pas de démontrer leur caractère licite. Le nombre des espèces à considérer, le fait que les populations d’une même espèce puissent être selon les risques d’extinction, interdites ou non au commerce dans tel ou tel pays, la révision régulière des listes… nécessitent de consulter autant que de besoin les annexes de la CITES. Le moyen le plus pratique pour cela est d’aller sur le site http://www.cites.org/ qui permet d’obtenir la liste des espèces protégées, leur niveau de protection et précise les mesures administratives à effectuer. Il faut savoir qu’un règlement européen renforce les préconisations de la CITES. Il convient donc en cas d’acquisitions, de prêts ou même de transferts pour des recherches de s’assurer que l’œuvre ou des éléments de celle-ci ne sont pas concernés par des mesures de protection propres à l’Europe et pouvant entraîner une saisie en douane à l’entrée dans l’un de ses Etats. Il est a priori possible de considérer que tous les spécimens naturalisés et toutes les œuvres créées avant 1947, ou issus d’animaux ou de parties d’animaux de zoos, sont autorisés et dispensés de formulaires CITES, en particulier si l’ancienneté est démontrée. C’est dire si la traçabilité des spécimens naturalisés et des œuvres contenant des substances naturelles issues d’espèces protégées, est essentielle et donc la qualité des inventaires et des documentations des musées, parfois seuls susceptibles de faire foi de l’ancienneté de l’objet.

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Michel Van Praët

Michel Van Praët est professeur au Muséum national d’Histoire naturelle à Paris où il enseigne la muséologie. Biologiste de formation, il coordonna de 1986 à 1994 la création de la Galerie de l’évolution, puis dirigera le département des galeries du Muséum avant de rejoindre l’Inspection générale des musées au ministère de la Culture de 2007 à 2010 où il fut chargé du suivi des musées d’histoire naturelle et du dossier des collections d’éléments du corps humain. Il est actuellement chargé au Muséum de la direction du projet de rénovation du musée de l’Homme. Il participa à la rédaction des deux dernières versions du code de déontologie de l’ICOM..
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