Laurent Olivier, conservateur en chef du Patrimoine au Musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye (MAN) L’archéologie a été la discipline des sciences humaines la plus directement mobilisée pour tenter de légitimer l’entreprise d’épuration raciale et de germanisation forcée menée par le IIIème Reich à l’échelle de l’Europe. De tous les corps professionnels, les archéologues sont en effet ceux qui ont été – et de loin – les plus engagés politiquement et idéologiquement dans le nazisme. A l’est et à l’ouest de l’Allemagne, la conquête de l’Europe a rapidement mis la recherche archéologique allemande au service d’une entreprise de justification de la politique raciale et des intérêts géostratégiques de la « Grande Allemagne ». La recherche française n’a pas eu qu’un rôle passif dans ce plan de germanisation du passé archéologique de l’Europe. Et après guerre, les chercheurs qui s’étaient mis au service du IIIe Reich poursuivront brillamment leur carrière à l’université, dans les musées ou les services du Patrimoine. Ils contribueront ainsi à transmettre l’héritage méthodologique et la démarche analytique de l’archéologie nationale socialiste à des générations d’étudiants et de chercheurs, notamment en France.
