9 Pillage des biens culturels maritimes : une menace planétaire

Michel L’HOUR |

Michel L’HOUR, Conservateur en chef, directeur du département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (DRASSM) Marseille Constatant l’intensification du « pillage…des sites archéologiques marins par des chercheurs de trésor » , l’Unesco a entrepris, voici une décennie, d’en alerter l’opinion mondiale en rappelant combien ces pillages occasionnaient » la perte de matériels d’une valeur irremplaçable pour l’étude des origines et des histoires des civilisations… ». Force, en effet, est de le constater, le patrimoine archéologique immergé est aujourd’hui menacé ! Au moment où ce patrimoine s’impose partout dans le monde comme un axe majeur du développement de la recherche, de nombreux pays sont de fait la cible de l’attaque méthodique d’équipes privées et clandestines cupidement attelées au pillage méthodique d’un patrimoine dont les Nations Unies ont rappelé qu’il était le patrimoine de l’humanité. Confrontés au pillage ponctuel ou systématisé des épaves par des plongeurs épisodiques ou des équipes professionnelles, contraints de faire face à un commerce électronique qui facilite la vente discrète et rapide du patrimoine dérobé, les Etats doivent aujourd’hui s’organiser. Etablir des lois qui assurent la protection, l’étude et la valorisation du patrimoine englouti, susciter l’émergence de services archéologiques spécialisés, densifier la lutte en encourageant un échange rapide d’informations entre les archéologues et des équipes d’enquêteurs spécialisés sont des mesures propres à améliorer la protection de ce patrimoine. L’éducation et la sensibilisation du public favorisent également sa protection. Il demeure que la lutte sera longue et que des moyens devront y être affectés si l’on veut que ce patrimoine, consigné au fil des millénaires dans l’abysse, ait un jour un avenir. Etayée par un certain nombre d’exemples, cette communication vise à montrer comment la France, qui fut le premier pays au monde à créer, dès 1966, un département spécialisé dans la recherche archéologique sous-marine, s’est organisée pour contribuer à la lutte contre le pillage planétaire des biens culturels maritimes.

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Michel L’HOUR

Michel L’HOUR, Conservateur Général du Patrimoine, dirige depuis 2006 le Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines (DRASSM) au sein du Ministère de la Culture et de la Communication, après y avoir travaillé pendant de nombreuses années. Spécialiste de culture matérielle des échanges maritimes et construction navale au Moyen-Age et à l’époque moderne, il a dirigé de nombreux chantiers de fouilles en France et à travers le monde : en Atlantique (Ploumanac’h 1, Prince de Conty, Aber Wrac’h 1, navires de la bataille de la Hougue, La Natière 1 et 2, ...), en Méditerranée (Sainte Dorothea, Saint-Honorat 1...,) au Gabon (Mauritius), au Sultanat de Brunei (The Brunei Shipwreck), aux Iles Salomon (La Boussole et l’Astrolabe), à Taiwan (Penghu 1)...), au Pakistan (Site de Juna Shah Bandar ), en Egypte (Sites de la baie d’Alexandrie), aux Etats-Unis (Épave de La Belle). Il a mené une étude de faisabilité pour la création d’un centre de recherche en archéologie sous-marine à Taiwan. Il a été commissaire général de plusieurs expositions dont La Mémoire engloutie de Brunei (Paris, La Conciergerie 2001-02), La Mer pour Mémoire. Archéologie sous-marine des épaves atlantiques (exposition itinérante,. 2005-09), exposition labellisée d’Intérêt National, Le mystère Lapérouse : Enquête dans le Pacifique sud. (Paris, Musée national de la Marine, 2008)… Il a été responsable de la coordination scientifique de la publication Ouvrage couronnée par le Festival du Livre Maritime de Concarneau, Prix Robert de La Croix en 1989, a publié de nombreux articles scientifiques et participé à la rédaction d’ouvrages collectifs, dont : Le Mauritius : la mémoire engloutie (Paris : Casterman, 1989), La mémoire engloutie de Brunei : une aventure archéologique sous-marine (Paris, Textuel, 2001), La Mer pour Mémoire : Archéologie sous-marine des épaves atlantiques (Paris, Edition Somogy, 2005), ouvrage couronné par le Festival Livre & Mer de Concarneau, Prix du Beau Livre Maritime 2006 et par le festival Les Rendez-Vous de la Mer de Rochefort, Grand Prix littéraire 2006 de la Corderie et de l’Hermione.
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